Ancien préparateur mental de l’équipe de volley de tours, le TVB, Christophe Lehoux accompagne désormais des chefs d’entreprises. Voici ses conseils pour affronter la crise.
Durant dix ans, Christophe Lehoux assuré la préparation mentale des joueurs du TVB, puis celle de l’équipe de France de volley. Depuis 2017, il se consacre à d’autres sportifs tourangeaux visant les JO de Tokyo 2021 ou de Paris 2024, mais également à des chefs d’entreprise. Il leur propose des outils utilisés dans le sport de compétition.
Comment aidez-vous les chefs d’entreprise à affronter la crise du Covid-19 ?
“On travaille sur leurs habiletés mentales telles que la confiance en soi, la gestion des émotions, leur statut de leader/coach et la résilience, qui consistent à maintenir la cap même si l’entourage ou l’environnement est propice aux difficultés. Le sportif a cette résilience qui consiste à continuer à se battre pour atteindre ses objectifs.
Aujourd’hui, les chiffres d’affaires sont en baisse, les collaborateurs dispersés. Dans ces grands moments d’agitation, il faut être agile et d’une grande adaptation. Et plus que jamais, sortir de sa zone de confort, innover, se transcender. ça va créer un nouveau stress certes mais il y aura de très belles choses derrière”.
Le manager ne doit pas propager son stress …
“Il doit développer une intelligence émotionnelle et travailler sur ses émotions. Il doit être en capacité d’écouter ses collaborateurs, d’être encore plus disponible et en position de services. Il doit moins se préoccuper de ses objectifs et davantage se tourner vers son équipe. Dans une entreprise, on a mise en place des questionnaires d’ambiance que les collaborateurs remplissent chaque matin. ça fait gadget pour certain, mais quand il y a une action derrière pour réadapter les emplois du temps ou mettre en place des moments conviviaux à distance, c’est très positif…”
Que peut-on en attendre ?
” Des solutions et des compétences existent dans toutes les entreprises. Il faut s’appuyer sur tous ses points forts et ensemble trouver l’énergie, la conviction pour résister à cette situation. Le manager doit être engagé et engageant auprès de ses collaborateurs. Même si c’est une période difficile, il se doit de donner de la reconnaissance à ses salariés qui en manque très souvent. La confiance reste l’une des sources de motivation les plus importante. Le discours positif, même si les résultats ne sont pas à la hauteur, garantit un climat de confiance qui est une clé de la réussite.”
Qu’est ce que la crise a changé ?
“La cohésion de l’équipe, les piliers sont différents. Tout le monde voulait plus d’autonomie, on l’a eue sans savoir comment s’y prendre. Là où on a réussi à se remobiliser, la confiance est essentielle comme dans le sport de haut niveau”.
Comment définir des objectifs par temps de crise ?
“Il faut garder une organisation claire, avec des consignes précises. Comme nous n’avons pas pas de vision à long terme, on fait comme les marins réduire la voilure pour aller moins vite et moins casser. Ménager ses collaborateurs pour retrouver de l’énergie par la suite. On utilise la méthode des petits pas”.
Quel regard portez-vous sur la visioconférence ?
“Elle est très intéressante car elle a permis de mettre à plat la hiérarchie. On a vu des patrons dans leur cuisine, dans leur salon … j’ai d’ailleurs demandé à un haut dirigeant de faire quelques visioconférences depuis un endroit plus personnel, ce qui a permis un meilleur contact auprès de ses salariés. Être plus proche pour maintenir la confiance. “
Que diriez-vous à des dirigeants qui se sentent complètement acculés ?
“Qu’ils s’occupent d’eux physiquement (repos, hygiène, sport) qu’ils prennent du recul mentalement. Même s’ils n’ont pas le temps, il est primordial se s’occuper de soi pour mieux accompagner autrui : cela procure un retour d’énergie très important en cette période de changement “.
Propos recueillis par Cecile Lascève : Journaliste Nouvelle République